Jodorowsky’s Dune

Ce documentaire actuellement dans vos salles est une vraie réussite !
Alors voilà le topo : en 1975, le producteur français Michel Seydoux est totalement enthousiasmé par l’œuvre barrée mais puissante d’Alejandro Jodorowsky (et plus précisément les deux films qu’il a réalisés : La Montagne Sacrée et El Topo). Il lui propose donc de l’accompagner dans la réalisation de son prochain film, le laissant totalement libre sur le choix du sujet. Jodorowsky choisit Dune, le roman culte de Frank Herbert, et ceci totalement au pif, sans même l’avoir lu.
Car oui, on le comprend assez vite, Jodorowsky est assez barré, mais surtout il va jusqu’au bout de ses idées et pour créer ce fameux Dune (qu’il finira forcément par lire), il va mobiliser toutes ses ressources et suivre uniquement son intuition pour le choix des acteurs.
Au passage, pour ceux qui ne connaissent pas Dune, vous pouvez aller voir le documentaire sans peur d’être perdus, car tout est expliqué. Je me permets de vous l’affirmer car une amie est venue le voir sans rien connaître de l’œuvre de Franck Herbert et qu’elle a vraiment apprécié le documentaire.
En fait, nous allons suivre le parcours épique de Jodorowsky pour créer ce qui aurait pu être le plus grand space-opéra de tous les temps et qui ne vit finalement jamais le jour
Jodorowsky s’est pourtant entouré des meilleurs pour ce film, dont les plus connus : Moebius, Giger ou encore Dan O’Bannon et Chris Foss. Tout ça au prix de négociations épiques et géniales (avec Dali et Amanda Lear notamment), des colères (avec le groupe Pink Floyd) et un flair inné pour s’entourer des meilleurs.
Ce qui peut sembler une lubie, le rêve d’un réalisateur fou, n’est qu’à moitié vrai
En effet, Jodorowsky a expliqué plan par plan et avec une précision étonnante, sa vision de Dune, des personnages et des différentes ambiances à Moebius, qui a réalisé le storyboard (magnifique). Grâce à des animations, on peut avoir une idée de ce que le film aurait donné et bordel… ça aurait pété un max ! Toutes les personnes impliquées dans le projet se sont données à fond : Giger, par exemple, aurait créé le monde des Arkonens (les méchants) : un univers noir et bien déviant qui aurait parfaitement collé à l’esprit des personnages.
Je ne vous raconte pas tout mais Jodorowsky savait exactement qui choisir pour donner vie à son monde imaginaire. Il croyait tellement à son projet qu’il a convaincu sans aucune difficulté tout ceux qu’il avait choisi pour l’accompagner dans cette aventure.
Vous avez l’eau à la bouche avec tout ça hein ? Et bien Hollywood n’a jamais voulu financer ce film
Bouh, les méchants, la dictature du fric et le refus de produire des œuvres différentes et novatrices me direz-vous, et vous aurez raison… mais à quelques nuances près : le film avait quand-même une durée finale comprise entre 12 et 20 heures (oui, vous avez bien lu) et Jodorowsky était intransigeant sur ce point. Les acteurs choisis, et là je pense clairement à Dali, auraient pût être difficiles à gérer, voire totalement incontrôlables !
Les producteurs d’Hollywood ont tous été impressionnés par ce projet totalement abouti mais aussi effrayés par son ampleur
Jodorowsky a vu grand, apparemment trop grand et son imagination sans limite a été étouffée. Mais le temps ayant passé, il a digéré son échec et il est passé à autre chose. Pas nous ! Quand on découvre ce documentaire, la seule question que l’on se pose c’est : qui va tourner ce film ! il ne peut pas rester dans les limbes. Donc je lance un appel aux réalisateurs : reprenez ce scénario, raccourcissez-le de façon intelligente mais FAITES-LE !!!
Dune is not dead !
Dune, c’est finalement David Lynch qui le réalisera en 1984, dans un format plus « normal ». Ce n’est pas un mauvais film pour moi, mais Lynch l’a tout de même renié et c’est Dino De Laurentiis qui l’a finalisé. Globalement, ce que l’on retient de la version lynchienne c’est de belles images et certaines très bonnes idées : pour l’univers très glauque des Arkonens (toujours nos fameux méchants) et l’arme qui marche au son de la voix des Fremens (les gentils). Ah oui, n’oublions pas une musique à tomber : le thème principal est pour moi l’un des meilleurs de ce genre de cinéma (après la B.O. de Conan le Barbare, faut pas déconner non plus). Sinon il est assez chiant et raconté d’une façon trop pesante.
Et bien voilà, vous savez tout ! En fait non, vous ne savez rien…
Courrez voir ce documentaire pour découvrir l’épopée de ce film qui n’a jamais vu le jour mais dont le script hante encore les studios hollywoodiens.
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